La fatigue chronique: L'hypothèse virale

Leave a Comment

Les coups de barre, personne n'y échappe ! Mais il arrive que la fatigue persiste pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Si la plupart du temps cela cache un malaise, il arrive parfois (2 à 4 % des cas) que la fatigue constitue à elle seule une pathologie : c'est le syndrome de fatigue chronique.

L'hypothèse d'une cause virale du syndrome de fatigue chronique, soulevée l'an dernier par des chercheurs américains qui s'intéressaient au rétrovirus XMRV (Xenotropic Murine Leukemia virus-related Virus), est remise en question par des chercheurs britanniques, Otto Erlwein de l'Imperial College à Londres et ses collègues dans le plos one , qui n'ont trouvé aucun lien. Pourtant, le premier article, publié dans la très sérieuse revue scientifique Science, laissait penser que ce rétrovirus - récemment observé dans le cancer de la prostate - semblait lié au syndrome de fatigue chronique.

Cette dernière se caractérise par une très forte fatigue persistante, apparaissant chez une personne jusque-là en bonne santé. Avec une prédominance féminine, elle touche en premier lieu de jeunes adultes. Il y a trois mois, des chercheurs du Nevada avaient donc mis en évidence une forte association : sur 101 patients souffrant de syndrome de fatigue chronique, 67 étaient porteurs du XMRV, un virus apparenté au virus MLV (Murine Leukemia Virus) de la souris, alors que seulement 8 personnes sur 208 (3,7 %) en bonne santé portaient ce virus.

Les chercheurs anglais ont tenté de confirmer ces résultats en recherchant le virus dans des échantillons de sang. Ils n'ont trouvé aucun porteur du XMRV parmi 186 personnes souffrant de fatigue chronique. Sans accuser leurs collègues américains, ils évoquent la possibilité d'une contamination au sein du laboratoire où ont été faits les tests. Ils proposent aussi une autre hypothèse. Rappelant que des études américaines associant le XMRV et le cancer de la prostate ont aussi été contredites par des travaux européens, ils évoquent la possibilité de "différences de population" entre l'Amérique et l'Europe. Ce n'est pas la première fois, selon eux, que l'hypothèse d'une cause virale pour le syndrome de fatigue chronique est invalidée. Il y a près d'une vingtaine d'années, le HTLV-II avait aussi été proposé, mais cela n'avait pas été confirmé. En revanche, des études épidémiologiques ont suggéré un possible rôle pour le virus Epstein-Barr, qui est responsable de la mononucléose infectieuse.

Donc les cellules immunitaires sont activées, comme si elles se bagarraient contre un virus invisible. Fatigués de se cacher, ces vilains virus nous donneront peut-être un jour la clé du mystérieux syndrome.

0 comments:

Enregistrer un commentaire

Rechercher dans le blog